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- 03'08 : Paul RICOEUR sur son intérêt de la culture Maya, qu'il voit comme le contre-exemple de la philosophie de l'histoire de HEGEL.
- 05'42 : Paul RICOEUR montre une tablette d'écolier de culture islamique et parle de cette culture.
- 06'50 : Considérations sur les chouettes, animal de Minerve et animal hégélien, pour qui elle symbolise l'activité du philosophe.
- 10' : Le plaisir des livres et sa conception de la philosophie et de son activité professionnelle. Il se qualifie de "professeur de philosophie, qui a pour tâche d'assurer la continuité entre les intervalles, en préservant la mémoire des grandes oeuvres et en communiquant le plaisir".
- 19'30 : Sur l'articulation entre pensée philosophique et pensée théologique. RICOEUR dit n'avoir jamais pensé que le sujet fut le centre de tout. Pour lui, la foi serait un acte de confiance absolue dans un sentiment de dépendance absolue. "Je ne suis pas mon maître". "L'autonomie c'est d'être à soi-même sa loi ". Pour philosopher au mieux, il faut s'intéresser aux choses qui nous embarrassent, aller au fond et ne jamais lâcher prise. C'est l'attitude qu'il a adoptée face à des herméneutiques du soupçon, comme les philosophies de FREUD, MARX ou NIETZSCHE, ses" meilleurs adversaires ".
- 26'23 : Sur les situations comme adversaires potentielles du philosophe. RICOEUR est effrayé par l'abondance de la violence et l'excès de la souffrance. Après avoir beaucoup pensé sur la culpabilité, il se dit beaucoup plus atteint par le sentiment paradoxal qu'il y a plus de victimes que de coupables. Le problème du mal est de plus en plus le problème du " trop de souffrances ". L'idée d'un progrès qui semblait à portée de main aux 18e et 19e siècles est tombée en miettes sous nos yeux au 20e siècle.
- 32' : Sa conception du travail de la pensée. La pensée philosophique est une pensée de l'ordre des concepts. Sur la croissance de la pensée qui nécessite du temps pour se développer.
- 35' : C'est dans la mesure où nous avons un" horizon d'attentes ", un avenir personnel ou collectif, que nous pouvons avoir un rapport créatif avec les héritages du passé. Le futur permet de " déverrouiller le passé ". RICOEUR mène donc la lutte contre l'idée des traditions considérées comme un dépôt immuable. Une tradition n'est vivante que si elle est sans cesse réinterprétée en fonction des attentes tournées vers le futur. C'est dans la mesure où nous sommes des êtres du futur, des" êtres du souci "(HEIDEGGER) que nous pouvons aussi avoir une mémoire vivante.
- 40'30 : Paul RICOEUR parle de son installation en 1956 aux" Murs Blancs ", sa résidence de Châtenay-Malabry. Il vient de l'université de Strasbourg et est nommé à la Sorbonne. Sur Emmanuel MOUNIER, qui occupa les" Murs blancs "avant lui.
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- 00'00 : Visite par Paul RICOEUR des environs de Châtenay (bruits DE PAS dans les feuilles). Propos sur la mémoire et l'oubli. Ne pas laisser les évènements tomber dans l'oubli, c'est le propos des premiers grands historiens grecs. Il y a l'oubli qui résulte de l'usure du temps et il y a aussi l'oubli qui est une fuite devant la responsabilité d'une action.
- 07'50 : Sur la culpabilité et l'innocence. Il vaut mieux" laisser être que de laisser faire ".
- 14'25 : "Moïse et Aaron" de SCHONBERG (extrait) PAR Pierre BOULEZ.
- 19'55 : RICOEUR se dit attaché à cet oratorio et à SCHONBERG à cause de sa signification à la fois théologique, philosophique, esthétique et existentielle. Théologique car le premier cadre est le récit biblique, où Moïse est l'homme du Sinaï, c'est-à-dire près de Dieu et loin du peuple. Aaron est son porte-voix et se laisse séduire par le besoin d'image du peuple, le veau d'or. L'enjeu est philosophique : la lutte entre une transcendance sans images et sans voix et l'image. Dieu représente l'unité sans médiation. Or il y a une grandeur de l'image, de l'imagination, car c'est d'elle que naissent les concepts et les oeuvres artistiques. Le débat est donc entre le non représentable et la puissance de la représentation. Pour SCHONBERG, ce conflit existait en tant qu'homme religieux, juif pieux, mais aussi artiste. Il était placé devant un problème de communication, car on ne communique pas le non représentable. SCHONBERG avec sa révolution musicale se plaçait dans la position de Moïse.
- 28'14 : Chez le pasteur André DUMAS : Sur un article de RICOEUR dans la revue "Esprit", "La parole est mon royaume " et sur la recherche de la vérité, grande question philosophique et théologique depuis toujours. Aujourd'hui, la vérité est de plus en plus inaccessible, à cause de la multiplication des perspectives. RICOEUR est-il un PIRANDELLO de la recherche de la vérité ou plutôt un Luther, qui privilégie au final le tranchant de la vérité ? RICOEUR répond par la question de la fiction et de l'éthique. Le propre de la fiction est d'élargir notre imaginaire. Selon Walter BENJAMIN,"agir est une interruption d'un débat interminable, il faut trancher ". La vérité est plus un"milieu de lumière dans lequel on espère entrer ", plutôt"qu'une possession dont on dispose ".
- 33'36 : André DUMAS pose à RICOEUR une question sur sa phrase: "penser ensemble l'éternité et la mort ". Sur le temps. Exemple de l'oeuvre de PROUST et Virginia WOOLF. La littérature répond à ce problème du temps par l'écriture. Le salut se fait par l'écriture. C'est un moment esthétique de la vie. La jonction de l'éthique et du religieux se fait justement sur cette problématique du temps.
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- 00'30 : Devant les Nymphéas de MONET au musée de l'Orangerie. Sur les souffrances du peintre. L'oeuvre fut pensée et se traduit par des sensations. Sur la vieillesse et l'art.
- 09'06 : Considérations de Paul RICOEUR sur le langage. L'oeuvre artistique est une réponse à une question.
- 18'07 : Dans le bureau d'Emmanuel MOUNIER("Esprit "), en présence d'Olivier MONGIN, Jean-Marc FERRY et Paul RICOEUR. RICOEUR sur l'ensemble de son travail et la notion de"mémoire active " qui s'en dégage. Ses livres sont circonstanciels. Sur son rapport avec les grands systèmes philosophiques.
- 22'50 : Sur la pensée politique de RICOEUR et la question du mal. Sa longue expérience de l'enseignement aux Etats-Unis l'a influencé vers une philosophie plus professionnelle, qui soit moins politique. Dans le domaine du langage ou de l'action, les Anglo-saxons laissent de côté l'aspect politique.
- 28'00 : Sur la pensée kantienne après l'expérience hégélienne. RICOEUR dit toute son admiration pour Le travail de Jean-Marc FERRY, notamment sur son étude de HABERMAS. HABERMAS, qui rompt avec la tradition marxiste allemande, opère un retour vers KANT, tout en prenant en compte l'expérience historiciste de HEGEL.
- 36'30 : RICOEUR sur son identité politique, à la fois libérale et radicale.
- 37'30 : RICOEUR interviewé au début de 1970 sur les violences dont il a fait l'objet en sa qualité de doyen de la faculté de lettres de Nanterre (archives).
- 40'00 : Dans le bureau de l'actuel doyen de Nanterre. RICOEUR sur son expérience à Nanterre. La différence entre le mouvement de 1969 et celui de 1968. Sa fascination du jeune COHN-BENDIT. RICOEUR dit son enthousiasme pour la participation des étudiants, mais déplore leur violence et le fait que très peu étaient à la hauteur de leurs idées.
- 44'46 : Sur l'épisode de l'arrivée de la police sur le campus, que RICOEUR ne voulait pas, et qu'il a empêchée d'entrer à l'intérieur de la faculté. Sur les mouvements étudiants des années 1970.
- 52'10 : RICOEUR trouve mystérieux que les évènements soient partis de Nanterre, pendant une période de grande prospérité, qui n'était cependant pas perçue comme telle à l'époque. Sur l'installation de la faculté dans des quartiers très pauvres et la prise de conscience que cela a provoqué chez les étudiants bourgeois.
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- 00'00 : Discussion entre RICOEUR et Cornélius CASTORIADIS à partir de la pensée de FOUCAULT sur la continuité historique des héritages.
- 12'30 : RICOEUR sur la signification de la mort et du temps dans la conception de la vie.
- 16'43 : Discussion entre RICOEUR et Emmanuel LEVINAS : Sur l'autre, l'amour (soit trop difficile soit trop facile à évoquer), la justice (LEVINAS se dit plus intéressé par la fraternité que par l'égalité). Sur la responsabilité d'autrui, le régicide, le langage.